La décivilisation, la démobilisation, la désespérance, la déshumanisation… tant de mots qui peuvent résonner comme autant d’exagérations ou d’avertissements ?
Le débat est d’autant plus ouvert que nous traversons une période dite de transition, transformation, transfiguration, transmutation.
Et simultanément, en ce moment, une phase politique, sociale, économique floue.
Avec ce sentiment d’éloignement, de distance entre les instances, les institutions et les citoyennes, citoyens voire de défaisance de la démocratie.
Vrai paradoxe dans notre pays qui n’a pas changé de Constitution depuis 1958 même si elle a connu quelques (rares) évolutions notoires.
Vrai étonnement dans notre pays où pendant des décennies démocratie politique et démocratie sociale se complétaient malgré des divergences et des contrariétés.
L’individu citoyen, l’individu collectif semblant s’effacer devant l’individu méfiant ou indifférent, l’individu… individualisé. Sauf à renaître en individus regroupés au moins temporairement dans les temps sportifs, festifs et protestataires. Ce qui rassure un moment (temps des Jeux Olympiques) ne saurait suffire pour répondre aux attentes citoyennes.
Comment tisser de nouveaux liens, de nouvelles interactions positives, de nouvelles solidarités durables, de nouvelles formes de démocratie vivante ? certes pas en jetant par-dessus bord les fondements de la République, ni même ceux clefs de notre démocratie. Mais en acceptant que celle-ci fasse mieux que s’adapter au temps qui passe, mieux que s’adapter aux technologies galopantes, aux menaces d’un monde qui ploie sous les crises majeures que nous connaissons.
La politique doit donc sortir de la tour d’ivoire dans laquelle elle a été enfermée progressivement, silencieusement sans que les conséquences en aient été mesurées suffisamment.
Ce n’est pas la démocratie représentative en soi qui est en cause, elle est plutôt une victime de l’utilisation qui en a été faite jusqu’ici. En la croyant éternelle telle quelle, on a cru la protéger, on l’a en réalité endormie, laissée se décrocher peu à peu de son origine, de sa raison d’être. Qui peut en douter quand on observe les taux d’abstentions aux élections, quand on écoute les manifestants dans les manifestations populaires, les sondages qui placent les élus nationaux en mauvaise posture, les résultats électoraux qui montrent la progression des extrêmes, de l’extrême droite en particulier. Ce ne sont des constatations semblables que l’on peut faire pour nombre de pays européens, ce qui n’est pas une consolation ni une raison de se résigner. Cette mauvaise forme de la démocratie s’est en partie nourrie de l’affaiblissement des corps intermédiaires trop régulièrement mis de côté, attaqués et souffrant d’un manque d’adhésion (qui semble enfin se démentir depuis quelque mois). Les faiblesses de la démocratie sociale n’ont en rien aidé la démocratie politique à résister à sa propre usure.
Le moment est venu non plus de lancer des ballons d’essais « participatifs » ou « consultatifs » qui ont d’ailleurs eu l’utilité d’exister mais aussi de montrer leurs limites mais d’instaurer Une Démocratie reposant sur 3 piliers :
– Bien entendu premièrement la Démocratie Représentative en consolidant les Pouvoirs du Parlement ; démocratie supposant une décentralisation accentuant le rôle des villes et territoires, entre autres, dans les domaines de l’intégration sociale. Le passage à la proportionnelle pour l’élection des député-e-s étant un autre « dossier » important :il commence à être mis sur la table.
– Deuxièmement la Démocratie Directe reposant sur Un vrai Droit Citoyen à Initiative Référendaire et Législative sur des sujets clefs climatiques, économiques, sociaux ,ceci au plan national. Les dispositifs existants dans l’actuelle constitution sont en tantôt insuffisants, tantôt compliqués à mettre en œuvre, dans tous les cas trop restrictifs. Il faut compléter l’article 11 sur plusieurs points : « d’abord par une disposition permettant aux citoyen-ne-s de déclencher un référendum Citoyen, référendum pouvant être constituant (déclenchement : 3 000 000 électeurs, électrices) ou, législatifs (déclenchement 1 500 000 électeurs, électrices. Ensuite alléger le Référendum d’Initiative Partagé en abaissant le nombre de député-e-s à 150 et le nombre d’électeurs, électrices à 1 000 000). Il faudra aller dans le même sens pour rendre plus « accessible » le Droit de Pétition Local et le Droit de Référendum Local (article 72-1 de la Constitution ).
Droit Consultatif : Les Consultations déclenchées par le Gouvernement doivent répondre à obligation d’examen des conclusions/propositions par le Parlement quand le Gouvernement n’a pas de lui-même formulé un Projet de Loi. Ceci afin de ne pas reproduire les « tests » effectués à l’occasion de « Conventions » (cf. celle sur le Climat) en la matière ne débouchant que sur des déceptions et frustrations.
– Troisièmement la Démocratie Sociale et Écologique exercée via un Paritarisme (syndicats/employeurs) pouvant être ouvert à de nouveaux champs d’applications et via le CESE. Démocratie Sociale dont l’avenir tient plus en plus largement au rôle du mouvement associatif et des fondations, partenaires essentiels des collectivités locales, territoriales et de l’État qui se doit de les « redécouvrir » pour tisser de nouveaux liens sociaux sur le terrain.
Pourquoi pas d’ailleurs une possibilité de Proposition de Loi Partagée Assemblée Nationale /CESE à condition que le texte soit signé par exemple par 30% des députés et à la majorité qualifiée par les membres du CESE ?
Le moment est venu aussi de placer non plus à la lisière mais au cœur des stratégies gouvernementales économiques, sociales, écologiques les entreprises et
organisations reposant sur le Principe de partage des responsabilités et des résultats obtenus, en premier, bien entendu l’Économie Sociale, Solidaire, Écologique.
L’idée est peut être simplement d’instaurer une nouvelle République… de la Confiance et du Dialogue.